"HODLER, PEINTRE DE L'EXPRESSION"
22.04.2017 Exposition Musée Jenisch Vevey, jusqu'au 1er octobre 2017
Image: Ferdinand Hodler (1853-1918), Portrait de Berthe Hodler-Jacques (détail), vers 1898, huile sur toile, 440 x 370 mm. Musée Jenisch Vevey, donation Rudolf Schindler © Musée Jenisch Vevey. Photo Claude Bornand, Lausanne
L'expression - des émotions, de
l'individualité d'un modèle ou de la beauté de la nature - est au cœur de l'art
de Hodler. Qu'il s'agisse d'un portrait, d'un tableau symbolique ou d'un
paysage, il y a toujours cette même quête, qui consiste à «exprimer
l'élément éternel» (Hodler, La Mission de l'artiste). Autrement
dit, le peintre s'attache à saisir l'essentiel en toutes choses, à le mettre en
valeur et à le traduire visuellement.
Quand il est question de la figure humaine, c'est l'émotion et l'intimité du
modèle qui sont à la source de l'inspiration du peintre et au fondement de sa
création. Hodler insiste sur l'importance de la ressemblance «entière et
saisissante» avec le modèle, afin de rappeler le souvenir de la personne
représentée. Dans ses portraits masculins notamment, il privilégie souvent une
pose strictement frontale, apte à susciter une vive impression sur le
spectateur, directement confronté à la présence d'un visage fortement
individualisé au regard pénétrant. Le trait fugitif - l'aspect très graphique
de l'art de Hodler reste sensible dans sa peinture - se met au service de
l'expression d'une durée: la personnalité du modèle, dont il cherche à
peindre l'âme.
Et le corps l'intéresse, là encore, «lorsqu'il est mu par des
émotions», c'est-à-dire comme médium d'expression. Les mouvements
physiques transcrivent des états d'âme, des humeurs, des sentiments. C'est
pourquoi, «chaque sensation a son geste», pour reprendre les propos
de Hodler retranscrits par son premier biographe Carl Albert Loosli. Les gestes
ne sont pas seulement hérités de codes anciens réinterprétés, ils sont aussi
inventés, le peintre créant un répertoire de motifs nouveaux pour exprimer des
émotions universelles et intelligibles à tous. Le langage corporel est envisagé
comme un miroir des sensations. Le geste a la valeur d'un symbole exprimant des
expériences communes.
Ainsi, dans Femme joyeuse, le peintre transcrit, avec cette silhouette
dansante aux bras déployés, l'allégresse ressentie par une femme qui traverse
un pré fleuri, et la vénération de la nature. Les autres portraits et figures ici
réunis montrent également des visages et des corps animés de l'intérieur,
traversés par l'expérience de la vie, qu'il s'agisse de Berthe, l'épouse du
peintre, de Valentine, son amante trop tôt disparue, ou de certains de ses
proches.
Dessins et peintures sont mis en regard, car les premiers, pour Hodler, sont avant tout conçus comme des étapes dans le processus d'élaboration de ses compositions picturales. Presque toutes les feuilles de l'artiste - dont le Musée Jenisch possède plus de 800 exemples - sont des études préparatoires pour des tableaux. Le dessin s'offre ainsi comme un terrain d'expérimentation qui permet l'éclosion de l'idée.
mjv
Contact:
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